Carissimi, le maître (1605-1674)

Au milieu du XVIIème siècle, Giacomo Carissimi est un compositeur italien incontournable de l’après Monteverdi, rayonnant dans l’Europe entière. Né à Marino, près de Rome, et orphelin à dix ans, il fut accueilli, sans doute par un collège, mi-conservatoire qui dans la ville éternelle formait des musiciens, comme enfant pauvre. On suit sa trace comme chantre, puis organiste à Tivoli et à St Ruffino d’Assise. En 1630 on le retrouve comme Maître de chapelle à St-Apollinaire des jésuites, où il restera jusqu’à sa mort, refusant d’offres plus importantes, comme celle de l’empereur Ferdinand II lui proposant de devenir son Maître de chapelle. Son œuvre fut jugée si importante que le Pape en avait même interdit le prêt. A la dissolution de l’ordre des jésuites, en 1773,  elle fut cepedant détruite, et c’est grâce aux copies trouvées à Paris ou Hambourg qu’une partie de ses compositions sont arrivées jusqu’à nous.

L’oratorio
Carissimi est le maître incontesté, à son époque, de l’oratorio en Italie, genre sacré qui tient son origine dans les réunions musicales et religieuses de Phillipe Neri. A ses débuts l'oratorio traite d’une histoire biblique en adoptant le style recitativo et en la divisant en deux parties. Le Maître développe ce genre typiquement italien avec les moyens des grands motets sacrés, opposant choeur et solistes, et même en faisant dialoguer des personnages symboliques. Carissimi a été déterminant dans la suite de l’oratorio en Italie et il est pour beaucoup dans l’introduction de celui-ci en France, en ayant comme élève le jeune Charpentier.

Les cantates de Carissimi
L’œuvre de Carissimi est exclusivement vocale. Il ne compose aucun opéra, mais ses cantates profanes (145 arrivées jusqu’à nous) sont composées pour la première fois de façon systématique en une succession libre de récitatifs et d'airs. Elles peuvent être de différentes longueurs, quinze dans la plus longue, jusqu’à la composition strophique de la plus courte. Loin d’être uniquement pour voix seule, elles sont destinées à des duos ou trios de chanteurs, avec une volonté dramatique que seule peut donner une structure libre.

Charpentier, le disciple (1643-1704)

Marc-Antoine Charpentier, né à Paris et fils d’un notaire, fut pris en protection par Mlle de Guise, cousine du Roy, qui tenait sa cour dans le Marais. Elle-même protégée par les jésuites, puissant contre-pouvoir à l’époque, la Duchesse envoya le jeune Marc-Antoine à étudier auprès de Carissimi, à Rome, dont il fut le seul élève privé. Revenu à Paris, il a souffert de l’emprise que Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique du Roy et farouchement opposé aux innovations italiennes de Charpentier, avait sur la musique française. La main de ce dernier avait pris de son maître toute l’expressivité italienne, tout en étant l’héritière d’Antoine de Boesset dans sa manière française. Cela rend son style si affectif et aussi son drame humain, car successeur de Lully auprès de Molière, il ne pu accéder au poste royal à Versailles. Cependant, conscient de sa valeur, le Roy lui donna en compensation l’éducation de son fils, et les jésuites le prirent comme Maître de chapelle du Collège Louis le Grand et à l’église Saint-Louis des Jésuites. Son dernier poste date de 1698 à la Sainte Chapelle, où il fut nommé Maître de chapelle des enfants.

Les opéras de Charpentier 
Sa seule tragédie lyrique, Médée, composée en cinq actes après la mort de Lully, a eu relativement peu de succès. Cependant, plusieurs compositions scéniques, dont David et Jonathas, également en cinq actes, traité en oratorio par Carissimi, sont appelées opéras. Plusieurs autres voient le jour comme des opéras, aussi bien au sujet comique ou léger mis en scènes (Les plaisirs de Versailles, les Ars florissants), que sérieux ou dramatique (La descente d’Orphée aux Enfers, Actéon)